ArianeetBarbe-Bleue – Ариана и Синяя Борода




Поль Дюка

 

 

опера («музыкальная сказка») в трёх действиях

 

либретто Мориса Метерлинка

 

(1899-1906)

Литературный перевод с французского на русский язык Н. Минского и Л. Вилькиной

az.lib.ru/m/meterlink/text_0040.shtml

Подстрочный перевод, двуязычная версия и корректировка подстрочника

по печатному либретто М.М. Фельдштейна

(закончено 1-го января 2019 г.)

Текст оригинального либретто М. Метерлинка на французском языке общедоступен в интернете по ссылке:

https://kareol.es/obras/ariadna/acto1.htm

 

ACTE PREMIER   (Une vaste et somptueuse salle en hémicycle dans le château de Barbe-Bleue. Au fond, une grand porte. De chaque côté de celui-ci, trois petites portes d'ébène à serrures et ornements d'argent ferment des espèces de niches dans une colonnade de marbre. Au-dessus de ces portes, mais au dernier plan, six fenêtres monumentales auxquelles on peut accéder, de chaque côté de la salle, par un escalier arrondi que mène à une sorte de balcon intérieur C'est le soir, les lustres sont allumés et les fenêtres ouvertes. Au dehors, c'est-à-dire derrière les fenêtres du fond, une foule agitée qu'on ne voit pas, mais dont on entend les cris tour à tour effrayés, inquiets et menaçants, les mouvements subits, les piétinements et les murmures. Vers le milieu de l'ouverture, le rideau se lève et l'on continue à entendre, à travers la musique, les voix de la foule invisible.)   VOIX DE LA FOULE A mort! à mort! L'avez-vous vue dans le carrosse? Tout le village l'attendait. Elle est belle? Elle m'a regardé. Moi aussi. Moi aussi. Elle était triste, mais elle souriait. On dirait qu'elle aime tout le monde. On n'en a jamais vu d'aussi belle. D'où vient-elle? De très loin, pour qu'elle ne sache point ce qui l'attend ici. Ils ont voyagé trente jours. Il ne peut nous voir, crions pour l'avertir! Tous ensemble: N'allez pas plus avant! Retournez! N'entrez pas au château. Retournez N'entrez pas! n'entrez pas! C'est la mort.   (Voix isolées)   Elle ne comprendra pas. Il paraît que vingt hommes de sa villel'ont suivie. Pourquoi? Parce qu'ils l'aiment. Il paraît qu'ont pleurait dans les rues. Pourquoi est-elle venue? On m'a dit qu'elle avait son idée.   (Rumeurs)   A mort! à mort! Il n'aura pas celle-ci. Non, non, elle es trop belle. Il n'aura pas celle-ci! Les voilà! les voilà! Où vont-ils? Ils ont pris par le porte rouge. Non, non, je vois des torches dans l'avenue. Voilà la grand carrosse entre les arbres! A mort! Il a peur! Il n'aura pas celle-ci! Ça fera la sixième! C'est assez! c'est assez! Il est fou! Assassin! Il faut mettre le feu! Hou! Hou! J'ai pris ma grande fourche! Assassin! assassin! Et moi j'ai pris ma faux! A mort! à mort! à mort! Ils entrent dans la cour. Allons voir. Les portes sont fermées. Attendons-les ici. A mort! à mort! A mort!   On dit qu'elle sait tout Que sait-elle? Ce que je sais aussi. Mais quoi? que savez-vous? Que toutes no sont pas mortes! Pas mortes? Ah! ah! Oh, là, là! Je les ai mises en terre! Un soir que je passais, j'ai entenduchanter. Moi aussi! Moi aussi! On dit qu'elles reviennent! Il attire le malheur! Regardez, regardez! Les fenêtres seferment... Ils vont entrer! Ils vont entrer! On ne voit rien! A mort! à mort! A mort...   (A ce moment, en effet, les six fenêtres monumentales au-dessus des niches de marbre se ferment d'elles-mêmes, étouffant à mesure les voix de la foule. On n'entend plus qu'un grondement indistinct qui est presque le silence. Peu après, par une porte latéral, entrent dans la salle Ariane et la Nourrice)   LA NOURRICE Où sommes-nous? Ecoutez, on murmure. Ce sont les paysans. Ils voudraient nous sauver. Ils couvraient les chemins et n'osaient point parler, mais ils nous faisaient signe de nous retourner.   (Elle va à la grande porte du fond.)   Ils sont là... derrière la porte. Je les entend qui marchent. Essayons de l'ouvrir... Il nous a laissées seules, nous pouvonsfuir peut-être... Je vous l'avais bien dit, il est fou, c'est la mort... Ce qu'on a dit est vrai, il a tué cinqfemmes...   ARIANE Elles ne sont pas mortes. On en parlait là-bas comme d'un mystèreétrange, dans le pays lointaine où son amour sauvage et qui tremblait pourtant, est venu me chercher. Je m'en doutais, là-bas, et j'en suis sûre ici...   Il m'aime, je suis belle et j'aurai son secret. D'abord il faut désobéir: c'est le premierdevoir quand l'ordre est menaçant et ne s'explique pas. Les autres ont eu tort et les voilàperdues pour avoir hésité.   Nous voici dans la galerie qui précède la salle où son amour m'attend. Il m'a donné ces clefs qui ouvrentles trésors des parures nuptiales. Les six clefs d'argent sont permises, mais la clef d'or est interdite. C'est la seule qu'importe. Je jette les six autres et garde celle-ci.   (Elle jette les clefs d'argent qui tintent en s'éparpillant sur les dalles de marbre.)   LA NOURRICE (se précipitant pour les ramasser) Qui faites-vous? Il vous avait donné tous les trésors qu'elles ouvrent...   ARIANE Ouvre toi-même si tu veux. Je vais chercher la porte défendue. Tout ce qui est permis ne nous apprendra rien.   LA NOURRICE (regardants les clefs et la salle) Voici les portes dans le marbre. Elles ont des serrures d'argent pournous dire qu'elles répondent aux clefs. Laquelle ouvrirai-je d'abord?   ARIANE Qu'importe! Elles ne sont là que pour nousdétourner de ce qu'il faut savoir. Je cherche la septième mais ne la trouve point...   LA NOURRICE (essayant les clefs sur la première porte) Quelle clef ouvrira la première? Celle-ci? Non. Celle-là? Pas encore. Oh! la troisième y entre, elle entraîne ma main! Prenez-garde! Fuyez! Les deux battants s'animent etglissent comme un voile. Qu'est ceci? Prenez garde! C'est une grêle de feuqui s'abat sur mes mains et me meurtrit la face. Oh!...   (La Nourrice fait un saut en arrière car, tandis qu'elle parle encore, les deux vantaux glissent d'eux-mêmes dans des rainures latérales et subitement disparaissent, découvrant un prodigieux amoncellement d'améthystes entassées jusqu'au sommet de l'ouverture. Alors, comme délivrés d'une contrainte séculaire, des joyaux de toutes formes mais de même substance, colliers, aigrettes, bracelets, bagues, boucles, ceintures, diadèmes, croulent en flammes violettes et rebondissent jusqu'au fond de la salle, cependant qu'à mesure que les premiers se répandent sur le marbre, de toutes les anfractuosités des voûtes réveillées continuent d'en ruisseler d'autres de plus en nombreux et admirables, au milieu d'un bruit de pierreries vivantes qui ne s'arrête plus)     Prenez-les!Penchez-vous! Ramassez les plus belles! On en pourrait orner tout un royaume! Elles lapident mes mains, elles criblent mes cheveux! Il en tombe toujours! En voilà d'inouïes qui descendent des voûtes comme des violettes de miracle! Pourpres, lilas et mauves! Plongez-y donc les bras, couvrez-en votrefront, j'en remplirai ma mante...   ARIANE Ce sont de nobles améthystes. Ouvre la seconde porte.   LA NOURRICE La seconde? Je n'ose pas... et pourtant je voudrais savoir si...   (Elle met une clef à la serrure)   Prenez garde! Le clef tourne déjà! Les battants ont des ailes, les parois se déchirent! Oh!   (Même scène qu'à la première porte, mais, cette fois, c'est l'accumulation, l'irruption rebondissante et l'éblouissement sonore et bleuissant d'une pluie de saphirs)   ARIANE Ce sont de beaux saphirs. Ouvre la troisième porte.   LA NOURRICE Attendez que j'aie vu, que j'aiepris les plus beaux! Ma mante va s'ouvrir sous le poids du ciel bleu! Regardez, regardez, ils débordent, ilscoulent de tous côtés. A droite un torrent violet, à gauche un jet d'azur!...   ARIANE Va, Nourrice, hâte-toi, l'heure où l'ontpeut agir es rare et fugitive.   LA NOURRICE (Elle ouvre la troisième porte. Même jeu, mais cette fois, c'est l'entassement pâle, le ruissellement laiteux, plus menu mais innombrable d'un déluge de perles.)   J'en recueille une poignée pour qu'elles caressent les saphirs.   ARIANE Ouvre la quatrième.   LA NOURRICE (Elle ouvre la quatrième porte. Même jeu. Ruissellement d'émeraudes.)   Oh! celles-ci sont plus vertes que leprintemps qui naît le long des peupliers dans les gouttes de rosée de beau soleil de mon village...   (Secouant sa mante d'où ruissellent les améthystes, les saphirs et les perles.)   Allez-vous-en, les autres! Faites place aux plus belles! Je suis née sous les arbres et j'aime laclarté des feuilles!   ARIANE Ouvre la cinquième porte.   LA NOURRICE Quoi, pas même celles-ci? Vous ne les aimez pas?   ARIANE Ce que j'aime est plus beau que lesplus belles pierres.   LA NOURRICE (Elle ouvre la cinquième porte. Même jeu. Irruption aveuglante, incandescence animée et cascade tragique de rubis.) Celles-ci sont terribles, et je n'y touche point.   ARIANE Nous approchons du but, car voici la menace. Ouvre la dernière porte.   LA NOURRICE C'est la dernière clef. Si déjà le sang coule sous le portepermise, quelle est l'horreur quiveille sur le seuil interdit?   ARIANE Ouvre vite.   (Hésitante, elle ouvre la sixième porte - Même jeu - Mais cette fois l'irradiation est intolérable Ce sont des cataractes d'énormes et purs diamants qui se précipitent dans la salle. Des millions d'étincelles, de rayons, d'irisations se rencontrent, s'éteignent, se rallument, déferlent, se multiplient, s'étalent et s'exaspèrent. Ariane, déconcertée, pousse un cri d'éblouissement. Elle se penche, ramasse un diadème, une rivière, des poignées de splendeurs qui éclatent et en pare, au hasard, ses cheveux, ses bras, sa gorge et ses mains)   O mes clairs diamants! Je ne vous chercher pas, mais je vous salue sur ma route! Immortelle rosée de lumière! Ruisselez sur mes mains, illuminez mes bras, éblouissez ma chair!   Vous êtes purs, infatigables, vous ne mourrez jamais, et ce qui s'agite en vox feux, comme un peuple d'espritqui sème des étoiles c'est la passionde la clarté qui a tout pénétré, ne se repose pas, et n'a plus rien à vaincre qu'elle-même!   (S'approchant de la porte ouverte et regardant sous la voûte.)   Pleuvez, pleuvez encore, entraillesde l'été, exploits de la lumière et conscience innombrable des flammes. Vous blesserez mes yeux sans lasser mes regards!...   (Se penchant davantage)   Mais que vois-je, Nourrice? Nourrice, où donc es-tu? La pluie magnifique se déchire etdemeure en suspens au-dessus d'un arceau qu'elle éclaire! Voilà la septième porte avec ses gonds, ses barres et sa serrure d'or...   LA NOURRICE Venez, n'y touchez pas. Retenez vos mains et vos yeux de crainte qu'elle ne s'ouvre... Venez donc, cachons-nous... Après les diamants, c'est la flamme ou la mort...   ARIANE Oui, retire-toi, Nourrice. Cache-toi derrière ces colonnes de marbre. Je veux y aller seule.   (Elle entre sous la voûte, met la clef dans la serrure; la porte se divise, rien paraît qu'une ouverture pleine d'ombre, mais un chant étouffé et lointain s'élève des profondeurs de la terre et se répand dans la salle)     LA NOURRICE Ariane, que faites-vous? Est-ce vous qui chantez?   ARIANE Ecoute...   ПЕРВОЕ ДЕЙСТВИЕ   (Широкая пышная зала в виде полукруга в замке Синей Бороды. В глубине большая дверь. Справа и слева от большой двери по три маленьких из черного дерева с засовами и украшениями из серебра. Эти дверцы ведут в углубления меж мраморных колонн, похожие на ниши. Над дверцами, в глубине, шесть громадных окон, к которым можно подняться по круглой лестнице, ведущей на внутренний балкон. Вечер. Зажжены люстры. Окна открыты. Снаружи, за окнами, -- взволнованная толпа; ее не видно, зато явственно слышны её внезапные движения, вопли ужаса, тревожные крики, угрозы, топот и гул. При первых звуках увертюры занавес поднимается, и тотчас же музыку заглушают голоса невидимой толпы.)     ГОЛОС ТОЛПЫ Смерти! Смерти! Вы видели её в коляске? Вся деревня вышла её встречать... Она красива? На меня она посмотрела. И на меня. И на меня. Была грустна, но улыбалась. У неё такое выражение лица, точно любит она весь мир. Писаная красавица. Откуда он её привез? Издалека, чтобы она не знала, что её тут ожидает. Они были в пути тридцать дней. Теперь ему нас не видно -- предупредим её! Все вместе: Не подходи! Вернись! Не входи в замок! Вернись! Не входи -- там смерть!   (отдельные голоса)   Она не поймёт! Кажется, с нею приехали двадцать человек из её города. –Зачем? Затем, что они ее любят. -- Говорят, на улицах народ плакал. Зачем она приехала? -- Я слыхал, будто у нее что-то есть на уме.   (недовольные голоса)   Смерти! Смерти! -- Она ему не достанется. -- Нет, нет, она слишком прекрасна. -- Она ему не достанется! -- Вот они! Вот они! -- Куда они идут? -- Они вошли в красную дверь. -- Нет, нет, я вижу факелы в аллее. -- Вон, вон, между деревьями мелькает коляска! -- Смерть ему! -- Он безумец! -- Отнять её у него! -- Это уже шестая! -- Смерть ему! Смерть ему! -- Подожжем замок! -- Убийца! – Предать огню! – Ху! Ху! -- Я взял с собой вилы! -- Убийца! Убийца –Япринёс косу! – Смерть! Смерть! Смерть! -- Они входят во двор. -- Пойдем поглядим! -- Двери заперты. -- Подождём здесь. – Смерти! Смерти! – Смерти!   -- Говорят, будто ей всё известно. -- Что ей известно? Что ещё ей известно? -- Но как? А тебе что известно? -- Что ни одна из них не умерла! -- Не умерла? Ах, ах! О ля-ля! – Дая сам опускал их в яму! -- Как-то вечером я проходил мимо, и услышал пение. -- И я! -- И я! -- Говорят, будто они оживают! -- Он навлечет на нас беду. Смотрите! Смотрите! Окна затворяются! -- Они сейчас войдут! -- Ничего не видно! -- Смерть ему! Смерть ему! -- Смерть!..   (В ту же минуту шесть громадных окон над мраморными нишами сами собой затворяются, и голоса постепенно глохнут. Слышен лишь неясный топот, который почти не нарушает тишины. Немного погодя в боковую дверь входят Ариана и кормилица)   КОРМИЛИЦА Где мы?.. Вы слышите голосаприглушённые?.. Это крестьяне... Они хотят спасти нас... Они теснились вдоль дороги, не смея говорить, лишь посылали нам знаки, чтобы мы вернулись.   (Идёт к большой двери в глубине.)   Они там, за дверью... Я слышу их шаги... Попробуем открыть... Он оставил нас в одиночестве; может, нам удастся бежать... Я вам говорила, что он безумец, что вас ждёт смерть... Правду про него говорили: он убил пять жен...   АРИАНА Они не умерли. Об этом говорилось как о великой тайне там, в дальней стороне, куда завела его дикая и вместе с тем робкая любовь ко мне... Я и там это подозревала, а тут уже не сомневаюсь...   Я красива, он любит меня, и я узнаю его тайну. Прежде всего надо ослушаться его – это первое, что надо сделать, коль скоро приказание дано под угрозою и без всяких объяснений... Другие жёны его совершили ошибку, и если они действительно погибли, то только потому, что не решились ослушаться...   Мы с вами находимся в галерее перед залой, где любовь его ждёт меня... Он вручил мне ключи от комнат, где хранятся свадебные убранства. Шестью серебряными ключами можно отпирать, а золотой ключ -- запретный. Лишь он один мне и нужен... Я бросаю шесть остальных и сохраняю его...   (Бросает на пол серебряные ключи; они со звоном ударяются о мраморные плиты.)   КОРМИЛИЦА (поспешно поднимая их) Что вы делаете?.. Это же ключи от всех сокровищ, что он подарил...   АРИАНА Открывай сама, если хочешь... Я должна отыскать запретную дверь... То, что дозволено, нам ничего не откроет.   КОРМИЛИЦА (рассматривая ключи и залу) Вот две мраморные двери. Как видно по их серебряным замкам, они отпираются серебряными ключами. Какую же дверь мне сначала открыть?   АРИАНА Не всё ли равно?.. Эти двери лишь отвлекают наше внимание от того, что нужно нам знать... Ищу я седьмую дверь, и не нахожу.   КОРМИЛИЦА (подбирая ключ к первой двери) Какой ключ откроет первую?.. Этот?.. Нет... Этот?.. Тоже нет... О, третий вошёл, и влечёт за собою руку мою!.. Берегись!.. Беги!.. Створки шевелятся и скользят, как покрывало... Что это?.. Осторожно! Огненный град спадает мне на руки, и ранит лицо... О!..   (Створки двери сами по себеразъезжаются к боковым нишам, и внезапно исчезают, открывая взорам ослепительную груду аметистов, наполняющих тайник до самого верха. Кормилица в испуге отскакивает. В тот же миг, словно высвобождаясь из векового заточения, драгоценности разного рода, но все из аметистов -- ожерелья, эгретки, браслеты, кольца, серьги, подвески, диадемы – начинают светиться фиолетовым огнём, и падают, достигая середины зала. Ближайшие к двери драгоценности только еще касаются мраморных плит, а уже из всех закоулковпод сводчатым потолком начинает высыпаться бесчисленное множество других, ещё более прекрасных сокровищ.В зале звучит несмолкаемый звон от падающих камней,похожихна ожившие)   (Ослеплённая и обезумевшая Кормилица, набирает полные руки драгоценных камней).   Берите!.. Нагнитесь! Подберите хотя бы самые красивые!.. Их хватило бы для убранства целогоцарства! Они сыпятся прямо мне в руки, путаются в волосах!.. А со сводов с падают самые необыкновенные – похожие на чудесные фиалки! Пурпурные, сиреневые, лиловые! Погрузите в них руки, украсьте ими чело! Я сгребу их в своюмантию...   АРИАНА То благородные аметисты... Открой вторую дверь.   КОРМИЛИЦА Вторую?.. Не дерзаю... А всё-ж любопытно взглянуть...   (Вкладывает ключ в замочную скважину.)   Осторожно!.. Ключ уже поворачивается! Уэтих створок появляются крылья, расступаются стены сами собой!.. О!..   (Та же сцена, что и возле первой двери, только на этот раз хлынул и полился потоком ослепительный, звонкий дождь из голубоватых сапфиров)   АРИАНА То дивные сапфиры... Открой третью дверь.   КОРМИЛИЦА Дайтевзглянуть, дайтевыбрать, какие получше!.. Мой плащ рвётся под тяжестью синего неба!.. Смотрите, смотрите: они всё заливают, растекаютсяво все стороны!.. Направо – поток фиалок, налево – струялазури!..   АРИАНА Скорее, кормилица, поспеши! Часы нарушенья запрета редки и быстротечны.   КОРМИЛИЦА (Кормилица открывает третью дверь. Та же сцена, только на этот раз сеется бледный, молочно-белый, более мягкий, но и более частый дождь жемчужин, затопляющих зал) Я возьму лишь горсточку, дабы они оттенили сапфиры...   АРИАНА Открой четвёртую.   КОРМИЛИЦА (Открывает четвёртую дверь. Та же сцена. Поток изумрудов)   О, они зеленее весенних листьев на тополях, сверкающих росою под ярким солнцем деревни моей!   (Встряхивает плащ: из него сыпятся аметисты, сапфиры и жемчуга)   Уйдите прочь, остальные! Уступите место самым красивым! Я появилась на свет под деревьями, иполюбила свет от листвы!..   АРИАНА Открой пятую дверь.   КОРМИЛИЦА Как? Даже эти вас не прельщают? И эти не нравятся вам?   АРИАНА То, что люблю я – прекраснейсамых лучших камней.   КОРМИЛИЦА (Кормилица открывает пятую дверь. Та же сцена. Слепящее извержение, водопад горящих живым и грозным огнем рубинов) Эти жасны, и я их не коснусь.   АРИАНА Мы подходим к цели заветной, ибо тут и опасность... Открой последнюю дверь.   КОРМИЛИЦА Это последний ключ. Если из-за дозволенной двери уже льётся кровь, то какой же ужас таится за запретным порогом?..   АРИАНА Скорей открывай!   (Кормилица нерешительно открывает шестую дверь. Та же сцена, но на этот раз блеск нестерпимо ярок. Сыпятся каскады огромных, прозрачых бриллиантов. Миллионы искр, лучей, перекрещивающихся потоков, горящих огнями всех цветов радуги сталкиваются, гаснут, вновь зажигаются, бушуют, неистовствуют, множатся, рассыпаются кругами. Ариана, ошеломленная, испускает восторженный крик. Она наклоняется, поднимает диадему, ожерелье, набирает горсть сверкающих сокровищ, украшает ими волосы, руки и шею)   (поднося к глазам и рассматривая бриллианты, освещающие её с головы до ног)   О яркие мои бриллианты! Я не искала вас, встретилась с вами случайно! Бессмертная роса света! Стекай по рукам моим, освещай их, ослепляй мое тело!   Непорочны вы, неустанны вы живы всегда. В вашемсверканьи, будто в пламени духов, сеющих звезды, обитает всепроникающая страсть света, покояне знающего, инесокрушимогоникакой иной силой!..   (Приближается к закрытой двери и заглядывает под её своды.)   Извергайтесь, изливайтесь дальше, сокровища кладовыхлета, подвигов света, бесконечныеощущенияогней! Вы раните очи мои, но не насыщаете взоры!..   (Нагибаясь ниже)   Но что я вижу, Кормилица! Кормилица, где ты? Ослепительный дождь иссяк, и завис над какой-то аркой, что он освещает!.. Вон и она, дверь седьмая, с её золотыми петлями, засовами и замком!..   КОРМИЛИЦА Уйдем! Не прикасайтесь к ней! Отведите руки своии взорваш, чтоб дверь не открылась!.. Уйдем же, скроемся!.. Вслед за бриллиантами низвергнется пламя, или же сама смерть...   АРИАНА Да, отойди, кормилица. Спрячься за мраморные колонны. Пойду я одна.   (Ариана входит под арку, и вкладывает ключ в замочную скважину. Дверь распахивается. Ничего не видно, кроме зияющей темноты входа, однако, будто из недр земли, по залуразносится отдалённое, приглушённое пение)   КОРМИЛИЦА Ариана, что вы делаете? Это вы поёте?   АРИАНА Слушай...  
LE CHANT ETOUFFE Les cinq filles d'Orlamonde (La fée noire est morte) Les cinq filles d'Orlamonde Ont cherché les portes!...   LA NOURRICE Ce sont les autres femmes...   ARIANE Oui.   LA NOURRICE Refermez cette porte! Le chant remplit la salle, il se répand partout.   ARIANE (L'empêchant de refermer la porte.) Il ne faut pas...   LE CHANT (plus sonore) Ont allumé leurs cinq lampes, Ont ouvert les tours, Ont traversé trois cents salles Sans trouver le jour...   LA NOURRICE Il remonte, il redouble! Poussons la première porte. Aidez-moi...   (Elle essaie de refermer la porte qui cachait les diamants.)   Elle résiste aussi!   LE CHANT (plus puissant) Ont ouvert un puits sonore Descendent alors Et sur une porte close Trouvent une clef d'or...   LA NOURRICE (Affolée, entrant à son tour sous la voûte). Taisez-vous! Taisez-vous! Elles vont nous perdre aussi! Etouffons cette voix!   (Etendant son manteau.)   Mon manteau couvrira l'ouverture...   ARIANE Je vois des marches sous le seuil. Je vais descendre où l'on m'appelle...   LE CHANT (de plus en plus puissant) Voient l'océan par les fentes. Ont peur de mourir Et frappent à la porte close Sans oser l'ouvrir...   (Sur les dernières paroles du chant, Barbe-Bleue entre dans la salle. Il s'arrête un instant et regarde) ПРИГЛУШЁННОЕ ПЕНИЕ Пять дочерей Орламонды Мёртвой волшебницы тьмы), Пять дочерей Орламонды Ищут дверей из тюрьмы...   КОРМИЛИЦА Это другие жёны...   АРИАНА Да.   КОРМИЛИЦА Закрой дверь!.. Пение наполняет залу, разносится всюду...   АРИАНА (пытаясь затворить дверь) Не могу...   ПЕНИЕ (пение становится более звучным) Пять они ламп засветили, Башнивсе обошли, Три сотни заловоткрыли -- Света нигде не нашли...   КОРМИЛИЦА Пение все слышней, все звончей!.. Притворим первую дверь!.. Помоги мне!..   (Пытается закрыть дверь, за которой лежат бриллианты.)   И эта не закрывается.   ПЕНИЕ (ещё более мощно) Звонкий открыли колодец, Лестницей сходят крутой, Видят закрытые двери, Видят в них ключ золотой...   КОРМИЛИЦА (обезумев от ужаса, бросается под своды) Замолчите, молчите!.. Они нас погубят! Надо заглушить их голоса!..   (Расстилает свой плащ)   Я сейчас закрою плащом выход...   АРИАНА Я вижу ступени. Я сойду туда, откуда меня призывают...   ПЕНИЕ (на максимальной мощности) Смотрят сквозь щели на море, Страшно им всем умирать. В двери глухие стучатся, Но не хотят отпирать...   (При последних словах песни в залу входит Синяя Борода, останавливается и смотрит)  
BARBE-BLEUE (s'approchant) Vous aussi...   ARIANE (Tressaille, se retourne, sort de la voûte, et, étincelante de diamants, s'avance vers Barbe-Bleue)   Moi surtout.   BARBE-BLEUE Je vous croyais plus forte et plussage que vos sœurs.   ARIANE Combien de temps ont-elles subi la défense?   BARBE-BLEUE Celles-ci quelques jours, celles-làquelques mois; la dernière une année...   ARIANE C'est la dernière seule qu'il eût fallu punir.   BARBE-BLEUE C'était bien peu de choses ce que je demandais...   ARIANE Vous leur demandiez plus que vous n'aviez donné.   BARBE-BLEUE Vous perdez le bonheur que je voulais pour vous.   ARIANE Le bonheur que je veux ne peut vivre dans l'ombre.   BARBE-BLEUE Renoncez à savoir et je puis pardonner...   ARIANE Je pourrai pardonner lorsque je saurai tout.   BARBE-BLEUE (Saisissant Ariane par le bras.) Venez!   ARIANE Où voulez-vous que j'aille?   BARBE-BLEUE Où je vous mènerai.   ARIANE Non.   (Barbe-Bleue cherche à entraîner de force Ariane qui pousse un long cri de douleur. A ce cri répond d'abord une sorte de rumeur sourde. La lutte entre Ariane et Barbe-Bleue continue un instant, et la Nourrice y mêle ses clameurs désespérées. Tout à coup, une pierre lancée du dehors brise une des fenêtres, on entend gronder et s'agiter la foule. D'autre pierres viennent tomber dans la salle. La Nourrice court à la grande porte du fond, dont elle tire les verrous et soulève les barres. Une brusque poussée du dehors ébranle et entrouvre cette porte et les paysans furieux mais hésitants se pressent sur le seuil. Barbe-Bleue, délivrant Ariane, tire son épée pour se préparer à la lutte. Mais Ariane, calme, s'avance vers la foule)   ARIANE Que voulez-vous? Il ne m'a fait aucun mal.     СИНЯЯ БОРОДА (приближаясь) Вы тоже...   АРИАНА (вздрагивает, оборачивается, выходит из-под арки и, сияя бриллиантами, подходит к Синей Бороде) Я –дольше, чем кто-либо.   СИНЯЯ БОРОДА Я считал вас сильней и мудрее ваших сестёр.   АРИАНА Сколько времени продержались они?   СИНЯЯ БОРОДА Те – несколько дней, эти – несколько месяцев, а последняя – год...   АРИАНА Лишь эта последняя и заслуживает кары.   СИНЯЯ БОРОДА Я требовал столь мало...   АРИАНА Вы требовали от них больше, чем дали.   СИНЯЯ БОРОДА Вы теряете счастье, что я вам уготовил.   АРИАНА Счастье, что я ищу, не может жить во мраке.   СИНЯЯ БОРОДА Не стремитесь знать, и я прощу вас...   АРИАНА Смогу простить, когда всё узнаю.   СИНЯЯ БОРОДА (Хватая Ариану за руку) Идёмте!   АРИАНА Куда вы хотите меня увести?   СИНЯЯ БОРОДА Куда я вас поведу.   АРИАНА Нет.   (Синяя Борода утаскивает Ариану, издающую долгий крик боли. В ответ на крик слышен глухой шум. Борьба между Арианой и Синей Бородой продолжается. Кормилица испускает вопли отчаяния. Внезапно камень, брошенный снаружи, разбивает одно из окон.Слышноволние и ропот толпы. В залу опять летят камни. Кормилица подбегает к большой двери, открывает засов и приподнимает крюки. Под напором извне дверь сотрясается и поддаётся. На пороге скапливаются разгневанные, но нерешительные крестьяне. Синяя Борода, отпустив Ариану, обнажает шпагу, готовясь к схватке. Ариана остаётся спокойной, направляясь к толпе)   АРИАНА Что вам угодно? Он мне не сделал никого зла.
ACTE DEUXIEME   (Au lever du rideau, la scène qui s'éclairera tout à l'heure et révélera une vaste salle souterraine dont les voûtes reposent sur de nombreux piliers, est plongée dans une obscurité presque complète. A l'extrême droite, un étroit couloir voûté longe la salle souterraine où il débouche, vers la premier plan, par une sorte d'ouverture latérale ou d'arcade informe. Paraissent tout au fond de ce couloir, comme si elles descendaient les dernières marches d'un escalier, Ariane et la Nourrice. Ariane porte une lampe)   LA NOURRICE Ecoutez! La porte se referme avec un bruit terrible et les murailles tremblent... Je n'ose plus marcher... Je reste ici... Nous ne reverrons pas la lumière du jour.   ARIANE En avant, en avant. Ne crains rien. Il est blessé, il est vaincu, mais ill'ignore encore... Il nous délivrera les larmes dans les yeux, mais il vaux mieux se délivrer soi-même. En attendant, sa colère m'accorde ceque son amour refusait, et nousallons savoir ce qui se cache ici...   (Elle s'avance, la lampe haute, jusqu'à l'arcade latérale du couloir, s'y penche et tâche de percer les ténèbres de la salle. Un objet indistinct semble arrêter ses regards. Elle se retourne vers la Nourrice pour l'appeler)   Viens!... Qu'y a-t-il au fond de cette grotte? Vois-tu? Cela ne bouge pas... Je crois qu'elles sont ici, mais qu'ellesne vivent plus...   (Elle entre dans la salle que sa lampe éclaire voûte par voûte)   Où êtes-vous? (Silence.) Qui êtes-vous?   (Une sorte de frémissement craintif et presque insaisissable lui répond. Elle fait encore un pas; les rayons de la lampe se projettent plus avant, et on aperçoit, entassés dans l'ombre des plus lointaines voûtes, cinq formes de femmes immobiles)   ARIANE (d'une voix étouffée) Elles sont là!... Nourrice, Nourrice, où es-tu?   (La Nourrice accourt. Ariane lui donne la lampe et fait en hésitant quelques pas vers le groupe)   Mes sœurs... (Le groupe tressaille) Elles vivent! Me voici!...   (Elle court à elles, les bras ouverts, les enveloppe de ses mains incertaines, les embrasse, les étreint, les caresse en tâtonnant, dans une sorte d'ivresse attendrie et convulsive, tandis que la Nourrice, la lampe à la main, se tient un peu à l'écart.)   Ah! Je vous ai trouvées! Elles sont pleines de vie et pleines de douceur! J'avais cru voir des mortes et je baise en pleurant des êtres adorables!... Vous n'avez pas souffert? Oh! vos lèvres sont fraîches et vousjoues sont semblables à celles des enfants... Et voici vos bras nus qui sont souples et chauds et vos épaules rondes qui vivent sous leurs voiles!... Mais pourquoi tremblez-vous? Quel printemps a jailli tout à coup des ténèbres!... Voici les flammes de vos yeux et voicisur mes mains le souffle de vos lèvres! Et ces cheveux qui vous inondent! Vous devez être belles!... Mes bras séparent des flots tièdes etmes mains sont perdues dans des boucles rebelles... Avez-vous mille chevelures? Sont-elles noires, sont-elles bondes? Je ne vois pas ce fais; j'embrasse tout le monde et je cueille vos mains à la ronde... Ah! c'est la plus petite que j'atteint la dernière... Ne tremble pas, ne tremble pas, je te tiens dans mes bras... Nourrice, nourrice, que fais-tu là? Je suis ici comme une mère qui tâtonne; et mes enfants attendent la lumière!   (La Nourrice s'approche avec sa lampe et le groupe s'éclaire. Les captives apparaissent alors vêtues de haillons, les cheveux en désordre, le visage amaigri et les yeux effarés et éblouis. Ariane, un instant étonné, prend la lampe á son tour, pour les éclairer mieux et les regarder de plus près)   Oh! vous avez souffert!...   (Regardant autour d'elle)   Et qu'elle est triste votre prison!... Il tombe sur mes mains de grandesgouttes froides et la flamme de malampe tressaille à chaque instant... Que vous me regardez avec des yeux étranges!... Avez-vous peur encore!... Quelle est celle que veut fuir? N'est-ce pas la plus jeune que je viens d'embrasser? Mon long baiser de sœur vous a-t-il fait du mal? Venez donc, venez donc, craignez-vous la lumière? Comment s'appelle celle qui revient?   ВТОРОЕ ДЕЙСТВИЕ   (При поднятии занавеса сцена окутана почти непроницаемым мраком. Вскоре она освещается, открывая взорам широкий подземный зал, своды которого поддерживают бесчисленные колонны. Справа вдоль всего зала тянется узкий сводчатый проход, образуя на первом плане боковой выход в виде неправильной арки. В глубине прохода, при спуске с последних ступеней лестницы, появляются Ариана и Кормилица. В руках у Арианы зажжённая лампа)   КОРМИЛИЦА Слышите? Дверь за нами захлопнулась состоль страшным грохотом, что стены дрожат... Я боюсь идти вперед... Я останусь тут... Более мы не увидим света дневного.   АРИАНА Вперёд, вперёд! Не бойся. Он ранен, он побежден, но еще не сознает этого... Он освободит нас со слезами на глазах, но нам лучше вырваться самим. А пока гнев его дает мне то, в чем отказала его любовь, и мы узнаем, что тут таится...   (Высоко подняв лампу, подходит к боковой арке, наклоняется и направляет свет в темноту зала. Её взор приковывает что-то неясное. Она оборачивается и подзывает кормилицу)   Поди сюда!.. Что это там, в глубине?.. Видишь?.. Оно не движется... Мне кажется, они тут, но уже не живые...   (Входит в зал, освещая свод лампой)     Где вы?.. (Молчание) Где вы?   (Ей отвечает почти неуловимый, робкий вздох. Она делает ещё шаг вперед. Лучи протягиваются дальше, и в самой дальнем углу зала становятся различимы фигуры пяти неподвижно лежащих женщин)   АРИАНА (приглушённым голосом) Они уже тут!... Кормилица, Кормилица, где ты?   (Подбегает кормилица. Ариана отдает ей лампу, а сама боязливо подходит к лежащим женщинам)   Сёстры мои... (Женщины вздрагивают) Они живы!... Смотрите, я пришла к вам!..   (Подбегает к ним с распростёртыми объятиями, нерешительно обнимает их, в судорожном порыве нежности ласкает,находя вслепую, наощупь. Кормилица стоит поодаль,с приподнятой лампой)   Ах! Я нашла вас!... Они полны жизни, и какие они ласковые!.. Я боялась увидеть умерших, и вот со слезами целую ваши прелестные губы! Вы не намучились?... О, уста ваши свежи, а щеки нежны, как у детей!.. А вот ваши обнажённые руки -- они теплы и упруги; и ваши округлые груди колышутся под легкими тканями... Но отчеготрепещете вы?.. Что за весна внезапно пробудилась во мраке?... Вот пламя ваших глаз, и вотна руках моих дыхание с ваших уст. А какие волосы вас окружают! Вы, должно быть, красавицы! Ладонимои выныривают из тёплыхструй, а руки запутываются в непокорныхкудрях... У вас тысяча волосков? Они чёрные, или светленькие? Я не вижу их. Яобнимаю весь мир, и я держу ваши руки в своих руках... Ах! Вот самая маленькая, которую я достиг последней... Не дрожи, не дрожи так, я держу тебя в руках... Кормилица, няня, что ты делаешь тут? Я ощущаю себя матерью тут, и дети мои жаждут света!   (Кормилица подносит лампу и освещает всю группу. Пленницы одеты в лохмотья: Волосы спутаны, лица худые, глаза испуганно жмурятся на свет. После минутного оцепенения Ариана берет лампу, стараясь получше их рассмотреть)     Ох, настрадались вы!...   (Оглядываясь вокруг)   И как печальна ваша тюрьма!... Мне на руки падают крупные холодные капли, а огонь в моей лампе мигает каждыймиг... Что вы на меня так странно глядите?.. Всё ещё боитесь меня?... Кто вот эта, что хочет убежать?.. Не та ли самая младшая, которую я только что поцеловала?.. Мой долгий сестринский поцелуй боли вам не причинил? Подойдите же, подойдите!.. Вы боитесь света?.. Как зовут ту, что снова вернулась?...  
DEUX OU TROIS VOIX CRAINTIVES Sélysette...   ARIANE Sélysette, tu souris? C'est le premier sourire que ce rencontre ici. Oh! tes grands yeux hésitent comme s'ils voyaient la mort, et pourtant c'est la vie! Et tes pauvres bras nus tremblent si tristement en attendant l'amour... Viens, viens, les miens attendant aussi, mais ils ne tremblent point.   (L'embrassant.)   Depuis combien de jours es-tu dans ce tombeau?   SÉLYSETTE Nous comptons mal les jours. Nous, nous trompons souvent. Mais je crois que j'y suis depuisplus d'une année...   ARIANE Laquelle est entrée la première?   YGRAINE (S'avançant, plus pâle que les autres) Moi.   ARIANE Il y a bien longtemps que vous n'avez vu la lumière?   YGRAINE Je n'ouvrais pas les yeux tant que je pleurais seule...   SÉLYSETTE (Regardant fixement Ariane) Oh! que vous êtes belle! Et comment a-t-il pu vous punir comme nous? Vous avez donc désobéi aussi?   ARIANE J'ai obéi plus vite; mais d'autreslois que les siennes.   SÉLYSETTE Pourquoi êtes-vous descendue?   ARIANE Pour vous délivrer toutes...   SÉLYSETTE Oh! oui, délivrez-nous! Mais comment ferez-vous?   ARIANE Vous n'aurez qu'à suivre. Que faisiez-vous ici?   SÉLYSETTE On priait, on chantait, on pleurait etpuis attendait toujours...   ARIANE Et vous ne cherchiez pas à fuir?   SÉLYSETTE On ne pourrait pas fuir;car tout est bien fermé; et puis c'est défendu.   ARIANE C'est ce que nous verrons... Mais celle qui me regarde á travers ses cheveux qui semblent l'entourerdes flammes immobiles, comment la nomme-t-on?   SÉLYSETTE Mélisande.   ARIANE Viens aussi, Mélisande. Et celle dont les grands yeux suivent avidement la lumière de ma lampe?   SÉLYSETTE Bellangére.   ARIANE Et l'autre qui se cache derrière le gros pilier?   SÉLYSETTE Elle est venue de loin, c'est la pauvreAlladine.   ARIANE Pourquoi dis-tu "la pauvre"?   SÉLYSETTE Elle est descendue la dernière et ne parle pas notre langue.   ARIANE (Tendant les bras à Alladine) Alladine!   (Alladine accourt et l'enlace en étouffant un sanglot.)   Tu vois bien que je parle la sienne quand je l'embrasse ainsi...   SÉLYSETTE Elle n'a pas encore cessé de pleurer...   ARIANE (Regardant avec étonnement Sélysette et les autres femmes.) Mais toi-même, tu ne ris pas encore! Et les autres se taisent. Qu'est-ce donc? Allez-vous vivre ainsi dans la terreur? Vous souriez à peine en suivant tous mes gestes de vos yeux incrédules. Vous ne voulez pas croire à la bonne nouvelle? Vous ne regrettez pas la lumièredu jour, les oiseaux dans les arbres et les grands jardins verts que fleurissent là-haut? Vous ne savez donc pas que noussommes au printemps?   Hier matin, je marchais par les routes, je buvais des rayons, de l'espace, de l'aurore... Il naissait tant de fleurs sous chacunde mes pas que je ne savais où poser mes pieds aveugles... Avez-vous oublié le soleil, la rosée dans le feuilles, la sourire de la mer? Elle riait tout à l'heure, comme elle rit aux jours qui la rendent heureuse, et ses mille petites vagues m'approuvaient en chantant sur des plages de lumière...   (A ce moment, une des gouttes d'eau qui suintent sans interruption du haut des voûtes tombe sur la flamme de la lampe qu'Ariane tendait devant elle en se tournant vers la porte, et brusquement l'éteint dans un dernier tressaillement de la lumière. La Nourrice pousse un cri de terreur et Ariane s'arrête, déconcertée)   ARIANE (dans les ténèbres) Où êtes vous?   SÉLYSETTE Ici, prenez ma main; ne vous éloignezpas; il y a de ce coté une eau dormanteet très profonde...   ARIANE Vous y voyez encore?   SÉLYSETTE Oui, nous avons longtemps vécu danscette obscurité...   BELLANGÉRE Venez ici; il y fait bien plus clair...   SÉLYSETTE Oui, menons-la dans la clarté.   ARIANE Il y a donc une clarté dans le plusprofondes ténèbres?   SÉLYSETTE Mais oui, il y en a une! N'apercevez-vous pas la grande lueur pâle qui éclaire tout le fond de la dernière voûte?   ARIANE J'entrevois en effet une pâle lueur qui grandit...   SÉLYSETTE Mais non, ce sont tes yeux, tes beauxyeux étonnés qui grandissent...   ARIANE D'où vient-elle?   SÉLYSETTE Nous ne le savons pas.   ARIANE Mais il faut le savoir!   (Elle va vers le fond de la scène et promène à tâtons ses mains sur la muraille)   Ici c'est la muraille... Ici encore... Mais plus haut, ce ne sont plus despierres! Aidez-moi à monter ce quartier de roc.   (Elle y monte, soutenue par les femmes)   Je touche au sommet de la voûte. (Continuant de tâter la paroi.) Mais ce sont des verrous!... Je sens des barres de fer et de verrous énormes. Avez-vous essayé de les pousser?   SÉLYSETTE Non, non, n'y touchez pas, on dit quec'est la mer qui baigne les murailles! Les grandes vagues vont entrer!   MÉLISANDE C'est à cause de la mer que la lueur est verte!   YGRAINE Nous l'avons entendue bien des fois,prenez garde!   MÉLISANDE Oh! Je vois l'eau qui tremble au-dessusde nos têtes!   ARIANE Non, non, c'est la lumière qui vous cherche!   BELLANGÉRE Elle essaye de l'ouvrir!   (Les femmes, épouvantées reculent et se cachent derrière un pilier d'où elles suivent de leurs yeux agrandis tous les mouvements d'Ariane)   ARIANE Mes pauvres, pauvres sœurs! Pourquoi voulez-vous donc qu'on délivre si vous adorez vos ténèbres, et pourquoi pleuriez vous si vous étiez heureuses? Oh! les barres se soulèvent; les battants vont s'ouvrir!... Attendez!...   (Les lourds battants d'une sorte de vaste volet intérieur se séparent en effet, tandis qu'elle parle encore, mais seule, une lueur très pâle, presque sombre et diffuse, éclaire l'ouverture arrondie de la voûte)   ARIANE (continue sa recherche) Ah! ce n'est pas encore la clarté véritable! Qu'y a-t-il sous mes mains? Est-ce du verre, est-ce du marbre? On dirait un vitrail qu'on a couvert de nuit... Mes ongles sont brisés... Où sont-elles, vos quenouilles? Sélysette, Mélisande, une quenouille, une pierre! Un seul de ces cailloux qui sont lá par milliers sur le sol!   (Sélysette accourt tenant une pierre et la lui donne.)   Voici la clef de votre aurore!   (Elle donne un grand coup dans la vitre; un des carreaux éclate, et une large étoile éblouissante jaillit dans les ténèbres. Les femmes poussent un cri de terreur presque radieux et Ariane ne se possédant plus, et toute inondée d'une lumière de plus en plus intolérable, brise à grands chocs précipités toutes les autres vitres, dans une sorte de délire triomphant)   Voilà, celle-ci encore et encore celle-ci! La petite et la grande et la dernière aussi! Toute la fenêtre croule et les flammesrefoulent mes mains et mes cheveux! Je n'y vois plus, je ne peux plus ouvrir les yeux! N'approchez pas encore, les rayons semblent ivres...! Je ne peux plus me redresser; je vois, les yeux fermés, les longuespierreries qui fouettent mes paupières! Je ne sais pas ce qui m'assaille... Est-ce le ciel, est-ce la mer? Est-ce le vent ou la lumière?   Toute ma chevelure est un ruisseau d'éclairs! Je suis couverte de merveilles! Je ne vois rien et j'entends tout! Des milliers de rayons accablent mesoreilles, je ne sais où cacher mes yeux, mes deux mains n'ont plus d'ombre, mes paupières n'éblouissent et mes brasqui les couvrent, les couvrent de lumière! Où êtes-vous? Venez toutes, je ne peux plus descendre! Je ne sais où poser mes pieds dans les vagues de feu qui soulèvent ma robe, je vais tomber dans vos ténèbres!   (A ses cris, Sélysette et Mélisande sortent de l'ombre où elles s'étaient réfugiées et, les mains sur les yeux, comme pour traverser des flammes, courent à la fenêtre et, tâtonnant dans la lumière, montent sur la pierre aux côtés d'Ariane. Les autres femmes les suivent, les imitent, et toutes se pressent ainsi dans l'aveuglante nappe de clarté qui les force à baisser la tête. Il y a alors un instant de silence ébloui, durant lequel on entend au dehors le murmure de la mer, les caresses du vent dans les arbres, le chant des oiseaux et les clochettes d'un troupeau qui passe au loin dans la campagne)   SÉLYSETTE Je vois la mer!   MÉLISANDE Et moi je vois le ciel! (Couvrant ses yeux de son coude) Oh! non, on ne peut pas!   ARIANE Mes yeux s'apaisent sous mes mains... Où sommes-nous?   BELLA


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Дата создания страницы: 2022-12-31 Нарушение авторских прав и Нарушение персональных данных


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