[Et] les cafés ne sont pas le seul exemple du caractère public de la
vie parisienne (...). Une si grande partie de la vie en France est
publique! les cafés, les kiosques à journaux, les plates-formes des
autobus... Quelle différence avec Londres et New York, dont les rues
sont faites pour vous permettre d'entrer le plus rapidement possible dans
quelque maison! Et c'est pourquoi il n'y a pas de grande ville où le
touriste pauvre s'amuse à meilleur marché qu'à Paris, sans passer tout
son temps dans les églises ou les musées. Vous pouvez rester assis tant
que vous voudrez derrière un verre de vin ou de bière, sans que votre
vin. ou votre bière devienne imbuvable comme le thé à Londres ou
à New York, où le patron du bar vous persuadera par tous les arguments
possibles, hormis2 la violence, que votre temps c'est son argent. Et ce
n'est pas le seul amusement libre que l'on trouve à Paris. Il y a plus de
boutiques à voir et, au besoin, plus d'achats à faire qu'à Londres ou
à New York, non seulement par le simple fait qu'on achète, mais aussi
par le temps qu'on passe à marchander1 ce que l'on désire obtenir. Il
suffit de regarder une bonne maîtresse de maison ou une femme de
ménage acheter des fruits, des légumes ou de la viande dans un magasin
de Paris, ou mieux encore dans un marché de Paris, pour profiter d'une
bonne leçon de discernement4.
DENIS BROGAN. Réalités.
Примечания:
1- По своему желанию или прихоти. 2. За исключением, кроме. 3. Торговаться.
Рассудительности, здравого смысла.
ГРАММАТИКА___________________________
ПРИТЯЖА ТЕЛЬНЫЕ МЕСТОИМЕНИЯ И
ПРИЛАГАТЕЛЬНЫЕ (LES POSSESSIFS)
1. Притяжательные прилагательные
Местоимение Chacun с притяжательными прилагательными
Если chacun является подлежащим, оно употребляется с притяжа-
тельными прилагательными son, sa, ses
Je connais bien les cafés à Paris CHACUN d'eux a SA clientèle particulière
Если местоимение chacun является приложением к подлежащему или
дополнению, оно употребляется с притяжательными прилагательными
notre; votre; leur
Nous trouvons CHACUN NOTRE plaisir à flâner dans Paris
Vous trouvez CHACUN VOTRE plaisu à flâner dans Paris
Существительные, называющие части тела, употребляются не с притя-
жательными прилагательными, а с определенным артиклем:
|
J'ai mal à LA tête, j'ai froid AUX pieds
Но если обладатель той или иной части тела выражен не ясно, с неко-
торыми глаголами используется притяжательное прилагательное
(Je RECHAUFFE MES mains), или возвратное местоимение в роли косвен-
ного дополнения (Je ME réchauffe les mains)
2 Использование местоимения en вместо притяжательных
прилагательных
Местоимения son, sa, ses, leur, leurs часто заменяются местоимением
en в роли дополнения к неодушевленному существительному
J'aime les rues de Paris le spectacle EN est curieux, J'EN goûte le spectacle
(Le spectacle est celui des rues, nom de chose)
Но такая замена невозможна в том случае, если перед существи-
тельным, которое могло бы быть заменено местоимением en, стоит
предлог:
Attention à l'escalier1 Tenez-EN bien la rampe, но
Attention à l'escalier1 Appuyez-vous bien SUR SA RAMPE
(Это же правило распространяется на употребление местоимения dont)
Притяжательное прилагательное может подчеркивать отношение
"владельца" к одушевленному лицу или предмету, которым он "владеет"
Sais-tu TA leçon ? — II est encore avec SON monsieur Martin1
(Здесь прилагательное "son" имеет уничижительное значение.
ce monsieur Martin qui ne me plaît guère).
3 Притяжательные местоимения
Cette guerre fut affreuse tous LES MIENS) ont péri
Форма множественного числа притяжательного местоимения часто
имеет значение mes parents, nos amis, и т д
УПРАЖНЕНИЯ
I) Постарайтесь как можно более точно определить значения данных слов
Une гае, une ruelle, une allée, une impasse, un cul-de-sac, — une avenue, un boulevard,
un faubourg, — une place, un rond-point, un carrefour, — une route, une voie,
une autoioute, une chaussée
II) Каким способом выражена идея принадлежности в следующих предло-
жениях «Venez donc, un jour, visiter notre nouvel appartement » — J ai saisi mon
adversaire à la gorge —L'ancien omnibus possédait une impériale (= un étage supérieur)
c'en était un des charmes essentiels — Le long des trottoirs, les petits marchands
ambulants poussaient lentement leur voiturette Chacun avait son en particulier — La rue
est pleine d'autos en stationnement Où trouverai-je une place pour la mienne'? —- Au jour
du jugement, Dieu reconnaîtra les siens — Tenez vous sur vos gardes, si l'on vous
demande a visiter la maison, car, c'est vous qui en avez la responsabilité — Voila tous mes
forfaits, en voici le salaire (Racine) — Cette maison aux volets verts, c'est la nôtre — Je
serai volontiers des vôtres une autre fois Aujourd'hui je reste seul
|
III) Вставьте в предложения соответствующие притяжательные прилагатель-
ные Le soir, chacun reste dans logis — Nous aimons nos parents, chacun à façon
— Les familles ont chacune égoisme — Dans la vie nous pensons chacun a
propres affaires — Vous emporterez chacun paquets, et les déposerez chacun à
domicile — Ces automobiles ont chacune garage particulier
IV) Замените притяжательные прилагательные на местоимение en
(N В Замена невозможна в двух последних предложениях данного упражнения
Объясните, почему) La rue Vandamme joue un rôle important dans la "Chionique des
Pasquier", et George Duhamel a relaté son émouvante histoire — Le train ne peut partir
que les portières fermées Ne gênes pas leur fermeture (Avis naguère affiche dans le
métro) — Je n'aime guère l'odeur de l'oignon, quoique certains apprécient sa saveur
dans certains plats Mais l'odeur du poisson frit m'est encore plus désagréable on ne
sait comment échapper à sa poursuite, comment se débarrasser de son insistance
V) Какой смысловой оттенок вносит употребление притяжательного прила-
гательного в следующих предложениях'' — Depuis que vous m'avez donné l'élan,
j'ai fait du chemin Cette bonne idée tera son chemin — Je possède un Molière
admirablement relié Cet acteur possède a fond son Molière — Cet athlète tait ses
douze heues dans la journée — Madame a son jour elle reçoit le mardi — Chaque
souris fait son trou - Mon fils fait son droit a Paris — Ne me parle plus de ton
monsieur Dupont' - Allons' Bon, elle a encore sa migraine — Leur Durand commence
à m'impoituner je le leur dirai — Oui, mon général1
|
VI) Напишите небольшое изложение на данную тему: La situation de votre
maison 1 Est-elle sur une place1? dans une rue1? dans un carrefour1? sur une route1? etc
2 Les édifices ou le paysage que vous voyez de vos fenêtres1?
VII)Эссе. Madame Vincent au marché Faites-la parler, discuter avec les marchands
ТЕКСТ 10
SUR UN TROTTOIR DE PARIS
L'enfant surgit du couloir de la maison, traversa le trottoir en courant
jusqu'à la contre-allée1 où des autos étaient rangées. L'enfant: une fillette
de huit ou neuf ans, ficelée2 dans un tablier luisant, des pieds de clown
dans ses pantoufles à pompons, et une queue de cheval3 ou plutôt une
natte d'arlequin, serrée d'un cordonnet et se balançant dans l'air.
"Mathilde! Mathilde!" C'était la mère, jaillie de sa loge, empour-
prée, haletante, la poitrine instable.
"Mathilde! Veux-tu que j'aille te chercher avec le martinet?"5
Comme si la menace eût été insuffisante à convaincre Mathilde qui
avait rejoint un petit copain entre deux voitures, la mère ajouta:
"Avec le martinet... Et tes fesses en parleront longtemps!.."6
Quand je suis un peu morose, je marche à pied dans Paris et il est rare
que je n'y sois pas tenté par une vitrine ou ravi par une scène de la rue.
J'avoue que celle-ci m'enchanta. Je n'aurais jamais trouvé
personnellement ce: "Et tes fesses en parleront longtemps!" image peu
délicate mais formelle7 et qui disait bien ce qu'elle voulait dire. Je voulus
connaître la suite: je m'arrêtai à deux pas, devant une boulangerie-
pâtisserie, l'air faussement tenté, et guettant ce qu'il allait advenir de
Mathilde. Rien. Il n'advint rien. Car à ce moment sortit de la boulangerie-
pâtisserie une personne qui tenait à la main la "baguette"8 du soir et que la
mère de Mathilde connaissait. Elle s'arrêta et sur le devant de la porte
commença une de ces conversations des fins de la journée, où l'on
a beaucoup de choses à se dire, entre personnes de la même maison ou du
même "bloc". Il fut un instant question de l'indisciplinée: "Cela vous en
donne du souci, ces atomes!"10 Puis un autre sujet retint ces dames et
l'atome Mathilde continua de jouer avec son petit camarade qui venait
d'ouvrir la portière d'une des voitures vacantes.
GÉRARD BAUËR, de l'Académie Goncourt. Le Figaro.
Примечания:
1. Боковой проезд, параллельный улице. 2. Разг.: одетый небрежно, скорее
плохо. 3. Прическа "конский хвост": длинные волосы, завязанные на затылке.
4. Коса, заплетенная как у Арлекина, персонажа итальянской комедии масок.
5. Плетка, которой раньше наказывали непослушных детей. Русский аналог:
ремень. 6. И твоя попка долго будет вспоминать о ней. 7. Точная и колоритная.
8. Длинный тонкий батон. 9. Группа домов, окруженная со всех сторон улицами;
квартал. 10. Разговорный оборот, обозначающий: "Даже от таких малышей тьма
забот".
ГРАММАТИКА___________________________
УКАЗАТЕЛЬНЫЕ ПРИЛАГАТЕЛЬНЫЕ И МЕСТОИМЕНИЯ
(LES DÉMONSTRATIFS)
1. Словосочетания с частицами ci (ici) и là
Ici и ее производные voici, celui-ci, ceci обозначают местность,
положение в пространстве, одушевленное лицо или предмет, находя-
щиеся рядом с говорящим или те, о которых пойдет речь.
Частица là и ее производные voilà, celui-là, cela обозначают местность,
одушевленное лицо или предмет, отдаленные от говорящего или те, о
которых уже шла речь:
Regarde ces autos, CELLE-CI est une 4 CV(= 4 chevaux), CELLE-LÀ une 2 CV.
VOICI ce que je veux te dire. Écoute CECI. — VOILÀ ce que je voulais te dire.
As-tu compris CELA? — Posséder une automobile, CELA ne rend pas
toujours la vie plus facile.
Но в разговорном языке наблюдается тенденция использования указа-
тельных cela, voilà во всех случаях.
Ici, là и их производные используются при перечислении и, в данном
случае, они не обозначают ни приближенности, ни отдаленности:
Que d'autos en stationnement! CELLE-CI est verte, CELLE-LÀ rouge, une autre grise.
В разговорной речи часто употребляют ça вместо cela:
Comment allez-vous? — ÇA va mieux.
Comment allez-vous? — Oh! COMME CI, COMME ÇA.
Celui de, celui qui...
Эти местоимения очень часто употребляются во французском языке:
"Ne vous asseyez pas à cette place: c'est CELLE D'un aveugle. —
Quel aveugle? — CELUI QUI vient ici prendre l'air chaque jour. "
Относительные местоимения с безличным значением ce qui, ce que
могут заменять только неодушевленное существительное или понятие:
CE QUE je vois de ma fenêtre est bien amusant. —
Ma voisine chante souvent, CE QUI ne me déplaît pas.
(Прилагательное согласуется с безличным местоимением, как с место-
имением мужского рода единственного числа.)
УПРАЖНЕНИЯ
I) Объясните употребление частиц ici (ci), là и их производных: D'ici, vous
pouvez voir ma maison; mais non de là où vous êtes. — Elle a gagné le gros lot: de là sa
joie. — Les autobus fonctionnent ici comme à Londres. Sur ce point-là, rien de
particulier. — L'employé de métro dit à Gurau: «Je vais revenir. D'ici là, vous retrou-
verez peut-être votre billet.» Mais il pensait: «On les connaît, ces cocos-là!» — Je vais
flânant, par-ci, par-là. — Le spectacle de la rue n'a jamais peut-être été aussi charmant.
Voici, le long des trottoirs, les petits marchands ambulants poussant leur voiturette;
voici le repasseur de couteaux, le raccommodeur de faïences et de porcefaines. — Huit
jours de prison, voilà la punition du voleur. — Le poinçonneur regarda Gurau, avec l'air
de lui dire: «Ça va pour cette fois, mais n'y revenez plus.» — Vous trouverez, ci-joint,
les pièces nécessaires à l'étude de cette affaire.
II) Вставьте вместо тире указательные местоимения, производные от ici и là:
Cet hiver — a été beaucoup moins froid que celui de l'an dernier. Visiter une à une les
curiosités de Paris — le programme que je m'étais fixé. Aurais-je commis une erreur de
lecture? Non: c'est bien —. Je suis fort en retard, — qui ne va pas arranger mes affaires.
Un des agréments des quais, c'est qu'on peut fouiller dans les boîtes des bouquinistes,
par —, par —, sans qu'ils vous demandent rien. D'— vous ne pouvez rien voir; mais de
— bas, vous verrez beaucoup mieux. Il se répétait souvent —: sois plus énergique; mais
— ne servait à rien. Écoutez bien —. Avez-vous entendu —?
III) Вставьте вместо тире нужные указательные местоимения (ce qui, celui de
и т.д.): Notre monde est — de la vitesse et du bruit. Une voix irritée se fit entendre: —
de la concierge jaillie de sa loge, furieuse. Pour circuler plus facilement sur les routes,
— qui le peuvent prennent leurs vacances avant ou après le temps de «pointe»
(= d'affluence). Je m'avançais pour monter dans l'autobus, croyant que c'était mon tour.
Mais c'était — d'un blessé de guerre, que je n'avais pas remarqué. Il pleut, — qui ne va
pas faciliter notre promenade.
IV) Эссе: Les embarras de Paris ne datent pas d'hier. Vous imaginerez ce qu'ils
pouvaient être soit au Moyen Age, soit à l'époque de Louis XIV. (A consulter: Boileau,
Satire VI). — Образец плана: vous pouvez soit consacrer un paragraphe aux piétons,
un autre aux véhicules — soit (plutôt), comme Boileau, montrer la succession de
différents tableaux, suivant les différents moments de la journée.
ТЕКСТ 11
CAMION CONTRE AUTOBUS
Neuf voyageurs blessés1
Une grave collision qui a fait neuf blessés s'est produite hier
à 22 h 45, devant le N 107 du boulevard Voltaire, entre un autobus et un
camion.
Pour une raison encore inconnue (dérapage sur la chaussée mouillée,
ou défaillance mécanique, rupture du cardan2 de direction) un autobus
de la ligne N 140 a violemment heurté la remorque3 d'un poids lourd4 en
stationnement sur le côté droit du boulevard.
Neuf voyageurs ont été blessés, plus ou moins grièvement5, dans
l'accident. Huit d'entre eux ont été transportés à l'hôpital Beaujon.
Certains ont pu regagner leur domicile après avoir reçu des soins. Une
petite fille de 9 ans, Monique Brunot, qui souffre d'une plaie profonde
à la tête, a été admise à l'hôpital Bretonneau.
Les dégâts matériels sont très importants. Tout le côté droit de
l'autobus a été arraché. Quant au camion, appartenant à une entreprise
de Haguenau (Bas-Rhin), il est gravement6 endommagé à l'arrière.
Presse de Paris.
Примечания:
1. Газетные статьи, описывающие несчастные случаи, правонарушения и т.д.,
называются faits divers ("Происшествия"). 2. Кардан (назван по имени
итальянского математика XIX века). 3. Прицеп. 4. Большого грузовика (разг.)
5 и 6. Обратите внимание на употребление наречий: grièvement blessé; gravement
endommagé.
ТЕКСТ 12
INCIDENT DE LA CIRCULATION
Un jour où, conduisant ma voiture, je tardais une seconde à démarrer
au feu vert, pendant que nos patients concitoyens déchaînaient sans
délai leurs avertisseurs dans mon dos, je me suis souvenu soudain d'une
autre aventure, survenue dans les mêmes circonstances. Une moto-
cyclette conduite par un petit homme sec, portant lorgnons et pantalons
de golf, m'avait doublé et s'était installée devant moi, au feu rouge. En
stoppant, le petit homme avait calé son moteur1 et s'évertuait en vain
à lui redonner souffle. Au feu vert, je lui demandai, avec mon habituelle
politesse, de ranger sa motocyclette pour que je puisse passer. Le petit
homme s'énervait encore sur son moteur poussif2. Il me répondit donc,
(...) d'aller me rhabiller3. J'insistai, toujours poli, mais avec une légère
nuance d'impatience dans la voix. (...) Pendant ce temps, quelques
avertisseurs commençaient, derrière moi, de4 se faire entendre. Avec
plus de fermeté, je priai mon interlocuteur d'être poli et de considérer
qu'il entravait la circulation. L'irascible personnage, exaspéré sans doute
par la mauvaise volonté, devenue évidente, de son moteur, m'informa
que si je désirais ce qu'il appelait "une dérouillée"5, il me l'offrirait de
grand cœur. Tant de cynisme me remplit d'une bonne fureur et je sortis
de ma voiture dans l'intention de frotter les oreilles de ce mal em-
bouché6. Je ne pense pas être lâche (mais que ne pense-t-on pas!), je
dépassais d'une tête mon adversaire, mes muscles m'ont toujours bien
servi. Je crois encore maintenant que la "dérouillée" aurait été reçue
plutôt qu'offerte. Mais j'étais à peine sur la chaussée que, de la foule qui
commençait à s'assembler, un homme sortit, se précipita sur moi, vint
m'assurer que j'étais le dernier des derniers et qu'il ne me permettrait
pas de frapper un homme qui avait une motocyclette entre les jambes et
s'en trouvait, par conséquent, désavantagé. Je fis face à ce mousquetaire
et, en vérité, ne le vis même pas. A peine, en effet, avais-je la tête
tournée que, presque en même temps, j'entendis la motocyclette pétara-
der de nouveau et je reçus un coup violent sur l'oreille. Avant que j'aie
eu le temps d'enregistrer ce qui s'était passé, la motocyclette s'éloigna.
Étourdi, je marchai machinalement vers d'Artagnan7 quand, au même
moment, un concert exaspéré d'avertisseurs s'éleva de la file, devenue
considérable, des véhicules. Le feu vert revenait. Alors, encore un peu
égaré, au lieu de secouer l'imbécile qui m'avait interpellé, je retournai
docilement vers ma voiture et je démarrai, pendant qu'à mon passage
l'imbécile me saluait d'un "pauvre type"8 dont je me souviens encore.
ALBERT CAMUS. La Chute.
Примечания:
1. 11 avait, d'un geste maladroit, arrêté brutalement son moteur. 2. Работающий
с перебоями (так обычно говорят о запыхавшемся человеке). 3. Жарг. Он послал
меня (разг il m'envoya promener). 4. Или: à se faire entendre. 5. Жарг Получить по
морде. 6. Прост. Невежа, хам, грубиян. 7. Герой романа А.Дюма-отца "Три
мушкетера". 8. Прост Ничтожество, дурак и т.п. в зависимости от контекста.
III
ПАРИЖАНЕ
У СЕБЯ ДОМА
ТЕКСТ 13
LE PARISIEN
Tracé dans la seconde moitié du XIX-е siècle, ce portrait du Parisien
reste encore assez vrai.
Quand on trouve un homme qui traverse, sans se presser, la cohue1
des voitures du boulevard Montmartre, qui fait sa carte2 au restaurant en
une minute, qui connaît le bureau de tabac où sont les meilleurs cigares,
qui sait les nouvelles avant d'avoir lu les journaux et qui appelle tout le
monde "cher ami"; quand on l'a jugé et reconnu pour un être ordinaire-
ment sceptique, mais susceptible d'un fol enthousiasme; d'une activité
dévorante, mais toujours prêt pour une flânerie; élégant, mais négligé;
bienveillant, mais égoïste; ayant le mot méchant et la poignée de main
facile; sympathique en somme et aimable, malgré ses vices, —on dit de
lui: «C'est un Parisien». Eh bien! on se trompe. Ce n'est qu'un homme
qui vit à Paris, et si on l'interroge sur son origine on est tout surpris
d'apprendre qu'il est d'Amiens ou de Carcassonne...
Mais un vrai Parisien, né à Paris, de parents parisiens eux-mêmes,
ayant grandi là et y ayant passé à peu près toute sa vie, c'est une
exception. Ce Parisien-là pourra ressembler à l'autre; mais il y aura
entre eux une différence essentielle. Le provincial importé dans la
grand-ville s'y plaira et y restera parce qu'il y poursuit son goût du
confortable, parce qu'il y contente ses ambitions, parce qu'il y satisfait
ses besoins de plaisir; mais au fond du cœur, il la considère toujours
comme un champ de bataille, une auberge et un mauvais lieu; et s'il a du
chagrin, s'il ressent de la fatigue, s'il tombe malade, c'est à sa ville
natale, c'est à sa province lointaine qu'il ira demander la consolation, le
repos ou la santé. Le vrai Parisien au contraire aimera Paris comme une
patrie; c'est là que l'attachent les invisibles chaînes du cœur et s'il est
forcé de s'éloigner pour un peu de temps, il éprouvera, comme Madame
de Staël, la nostalgie de son cher ruisseau de la rue du Bac.
FRANÇOIS COPPÉE (1842-1908). Souvenirs d'un Parisien..
Примечания:
1. Шумный поток машин. 2. Выбирает меню. 3. Мадам де Сталь (1766—
1817) — французская писательница, положившая начало развитию романтизма во
Франции.
ТЕКСТ 14
VISITE D'UN APPARTEMENT
Ce texte vaut encote aujourd'hui, car, après une période de pénurie, on
trouve de nouveau des appartements à louer.
Un jour de décembre 26, Jallez se trouvait sur le trottoir sud du
boulevard Haussmann, entre la rue Auber et la Chaussée d'Antin. (...) Il
venait d'entrer dans beaucoup de maisons et d'être éconduit1 sans
beaucoup d'égards, comme un quémandeur2 aux intentions suspectes. Il
regardait les façades, les appréciait suivant Dieu sait quels indices, se
demandait s'il devait entrer. A gauche d'une porte cochère, profitant du
soleil hivernal, un concierge d'une soixantaine d'années, bardé3 de
tricots, était assis, son journal à la main. Il observait le manège de
Jallez. Il lui dit d'une voix bienveillante:
"Vous cherchez peut-être un appartement? — Mais oui... Vous en
avez un dans la maison?"
Le concierge hésita, examina Jallez, comme si de cet examen sa
réponse dût dépendre. Puis:
"Il vous faut quelque chose de grand? — Ma foi non!"
Le concierge se leva, posa son journal sur la chaise.
«Venez toujours avec moi. Je vais vous montrer quelque chose. Ça n'est
pas qu'à proprement parler ça soye5 encore libre. Vu que6 c'est censément7
promis à une personne. Mais enfin, ça ne vous coûte rien de voir.»
Pendant qu'ils montaient l'escalier, le concierge commença de
donner quelques détails sur le local. Il était situé au dernier étage, c'est-
à-dire au sixième. "Il n'y a pas d'ascenseur? — Si. Mais il est en
réparation. C'est pourquoi je vous fais prendre l'escalier."
Le concierge continua d'expliquer: l'appartement n'était pas du type
ordinaire. Il se composait d'une assez grande pièce, d'une autre beaucoup
plus petite, où il y avait place pour coucher, et d'une troisième si petite
qu'il était plus juste de l'appeler un cabinet. La grande pièce qui avait,
outre les fenêtres, des vitrages sur le côté et dans le haut, avait été
primitivement conçue comme atelier d'artiste. (...)
«Y a-t-il une cuisine, une salle de bains, et le chauffage?
— Oui, oui... Dame8, la cuisine, on peut juste s'y retourner. Et elle ne
prend jour que par une tabatière9 Mais vous savez, une tabatière, en
proportion, ça donne plus de lumière qu'une fenêtre. Et ça ne mange10
pas de place. Vous avez le gaz, naturellement. La salle de bains a été
installée par un locataire autrefois. Ça n'est pas tout ce qu'il y a de
moderne". L'émail de la baignoire est amoché12 par endroits. Mais les
appareils fonctionnent. — Au gaz probablement?
— Oui, au gaz. Je puis vous assurer que le chauffe-bains est en règle. Il
a été revu par le plombier; le printemps dernier. (...) — Et le chauffage?