époux - mari
lexique usuellexique familier
enfant - gosse (môme)
Se promener - se balader
Dormir - roupiller (vieilli, pop.)
Argent - fric
Agent de police - flic
Les mots populaires à la différence des termes familiers violent la norme littéraire à cause de leur caractère grossier et vulgaire. Pourtant il n’est pas facile de tracer une frontière nette entre le lexique familier et populaire. En outre la couleur stylistique des mots varie avec le temps. Les mots qui étaient autrefois perçus comme vulgaires peuvent perdre au fur et à mesure leur caractère grossier et devenir familiers et même usuels.
Par exemple, le verbe bouffer: Grossier au XIX siècle, vulgaire jusqu’en 1950, il est devenu simplement familier (1. Pop. Manger avec avidité. Bouffer comme un loup à jeun, comme un ogre, comme un chancre. Synon. bâfrer), même dans la «bonne société» (par Claude Duneton «Le guide du français familier », p. 336). ÉTYMOL. ET HIST. 1. a) 1160-70 «enfler les joues en aspirant de l'air » (BÉROUL, Tristan, 1895, dans T.-L.), qualifié de,,bas`` dans Ac. 1694 et considéré comme hors d'usage dep. Ac. 1718; b) ca 1226 fig. «témoigner d'un sentiment (colère, orgueil) par un certain gonflement de la face » (Hist. G. le Maréchal, 11657, dans T.-L.), qualifié de,,bas`` et,,pop.`` dans Trév. 1704 et jugé de faible emploi dep. Ac. 1718; c) 1re moitié XVIe s. «gonfler ses joues par excès d'aliments » et p. ext. «manger goulûment » (C. MAROT, 2e Epist. du Coq a l'Asne, p. 205 dans GDF. Compl.) qualifié de,,pop.`` dans BOISTE 1800; d'où 1867 p. métaph. arg., (A. DELVAU, Dict. de la lang. verte: Bouffer (se), Se battre [...] on dit aussi Se bouffer le nez); 2. XVe s. part. prés. adj. «gonflé » (Superfluité des habitz dans Anc. Poés. fr., éd. Montaiglon, VIII, p. 296; un habit [...] bouffant); 1530 «se maintenir gonflé, en parlant d'une matière légère » (Archives de la Gironde, t. 4, p. 158 dans IGLF Techn.).
Il faut souligner que le français familier gagne du terrain aujourd’hui. C’est le souci d’expressivité, d’affectivité qui pousse les gens à remplacer les mots usuels et neutres par les mots familiers qui sont plus expressifs. C’est le même souci qui explique les emprunts que fait le langage familier à l’argot et au français populaire. On fait remarquer qu’il serait déplacé d’employer devant les gens cultivés l’expression Je m’en balance qui est tout à fait naturelle devant les familiers. Tandis que l’expression neutre Cela m’est indifférent est perçue comme anormale dans cette dernière situation. L’auteur cite d’autres expressions intermédiaires: je m’en moque, je m’en fiche, je m’en fous. La dernière expression est grossière, mais fréquente (selon A. Sauvageot).
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Le niveau le plus bas est occupé dans notre classification par le lexique argotique. Le terme d’ argot possède trois valeurs différentes:
Premièrement l’argot désigne le langage secret des malfaiteurs, du milieu, comme on dit encore. L’argot a été inventé par les malfaiteurs au XV siècle pour ne pas être compris par des non-initiés. Selon J. Arnal, il existe dans l’argot 40 dénominations des différents types de vol.
Dès la fin du XIX siècle les mots argotiques commencent à pénétrer dans la langue commune. Aujourd’hui une grande partie de l’argot a perdu son caractère secret et s’emploie largement par les Français. Cette couche spécifique d’origine argotique dans le vocabulaire des Français est aussi désigné par le terme d’argot. C’est la deuxième valeur de ce terme. (lourde -porte, loupiot (чергаш, чиграш, сопля)- enfant, loufiat (гарсон)- garçon de café).
Finalement ce terme s’applique aujourd’hui à toute sorte de langages profes-sionnels (c’est à dire jargons): on parle de l’argot militaire, de l’argot des écoles, de l’argot du théâtre, de l’argot des aviateurs, etc.
Quelques exemple de l’argot scolaire: sécher les cours (списывать), antisèchе (шпора), exam, exo (экзамен, испытание), rédac (сочинение), bouquin (livre), colle (наказание).
L’argot du spectacle: les planches (scène), répète (répétition), t ê te à l’huile (статист), saucisson (плохая песня, мелодия).
L’argot n’a pas de grammaire ni de phonétique spéciales. C’est au niveau lexical qu’il exerce son activité. L’argot crée des mots nouveaux parallèlement au lexique courant. De cette façon il double la langue commune par son vocabulaire. Au lieu de l’oreille l’argot emploie écoutille, esgourde, étiquette, feuille, etc.
- Y a-t-il du bon sens, s’écria-t-elle, empruntant au monsieur les propres termes de son trivial répertoire, y a-t-il du bon sens, je vous le demande, messieurs et mesdames, à venir au théâtre avec une tête pareille et de telles esgourdes! — (Alphonse Allais, La Question des chapeaux féminins au théâtre dans Pour cause de fin de bail, 1898, p. 136)
- Écoutez ça, si les asticots n’ont pas encore boulotté vos esgourdes, tas d’ânes! — (Georges Darien, La Belle France, 1898, chap. 5)
- Ferme ta boîte!... et ouvre bien tes esgourdes, puisque le ciel a permis que tu ne fusses pas sourd aujourd’hui! — (Aristide Bruant, Les Bas-fonds de Paris, J. Rouff, t. 3, 1902, p. 1869)
- Il dégoise, l’ostrogoth de la téloche formaté au formol, tel un psittacidé déréglé et moche... Il clabaude aux esgourdes des blaireaux enfarinés et des tordus pasteurisés […]. — (Jean Maryves, Vieilles cantilènes & jeunes romances, Mon Petit Éditeur, 2013, p.28)
- J’ai le claque-merde qui r’foule (refouler исторгать, отталкивать, отвергать)
Et du pelage (волосы, шерсть) dans les esgourdes... — (Les Mules, J’ai la quéquette qui colle, 1999).
A côté de l’argot il existe aussi différents jargons. Selon la définition de J. Ma-rouzeau, le jargon c’est une «langue artificielle employée par les membres d’un groupe désireux de ne pas être compris des non initiés ou au moins de se distinguer du commun». Un exemple du jargon est représenté par le «français branché» (anglicisé, le franglais), langage très à la mode dans certains milieux des journalistes et des intellectuels. Il se compose des mots et des expressions provenant des «banlieues, des zones bruyantes de la musique rock, des cours d’art dramatique, du showbiz, de la pub». Beaucoup de mots sont emprunté à l’anglais, une certaine partie au verlan, très à la mode aujourd’hui. Verlan (= l’envers) est le langage basé sur l’inversion de syllabes. Si le résultat n’est pas facilement prononçable, on modifie phonétiquement le mot obtenu: laisse tomber → laisse béton, les keufs ← les flics, les femmes → les meufs, branché → chébran.
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Quelques exemples du «français branché»:
caller [kole] = téléphoner,
canon = belle fille attirante,
flacher = avoir un coup de foudre, etc.
Un grand nombre d’anglicismes dans le français branché, mots à l’orthographe exotique et à la prononciation inhabituelle a permis à R. Etiemble de parler d’une nouvelle langue qu’il a appelée le franglais.
En voici un petit exemple (Lettre en franglais):
Dear Joséphine,
je t’écris d’un snack [snak], oщ je viens de me tasser un hot dog en vitesse, tandis que Charlie, à côté de moi, achève son hambourger.
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Charlie, c’est Charlie Dupont, mon nouveau flirt. Un vrai play-boy, tu sais! En football, un crack [crak]. On le donne comme futur coach des Ioung Cats, leader des clubs série F. C’est te dire si j’entends parler de goals et de penalties!
Je me suis lassée de Johny Durand, trop beatnick avec ses blue-jeans et son chewing-gum.
Bon veek-end Etiemble.
Revenant à la classification stylistique du vocabulaire français signalons une dernière opposition importante, celle entre le lexique neutre et le lexique coloré. Les termes à couleur stylistique zéro s’opposent dans ce cas aux mots stylistiquement colorés c’est-à-dire possédant une ou plusieurs composantes stylistiques: composante axiologique affective, composante imagé, composante symbolique.